Non contents d’imposer une réforme du collège ni faite ni à faire, qui réduit les horaires, supprime les dédoublements et laisse l’utilisation de 20 % des DGH à la discrétion des chefs d’établissement …
Non contents de tenter de nous imposer des pseudo-formations en dehors de notre temps de service et de demander aux collègues membres du conseil pédagogique de se transformer en contre-maîtres de la réforme …
Non contents d’annoncer une usine à gaz sur l’évaluation des élèves …
Non contents de reporter à 2017/2020 la nécessaire revalorisation de nos carrières.
Voilà que l’on découvre que le ministère n’est même pas en mesure de …
… nous payer notre dû en temps et en heure. Le paiement des heures supplémentaires et des indemnités (professeur principal, IMP, indemnités REP…) ne débuterait qu’en novembre et subirait donc un retard d’au moins un mois.
En effet, signe du peu de cas que l’on fait en haut lieu des questions de mise en oeuvre de réformes incessantes, le logiciel d’édition des Vérification des Services (VS) n’a pas été actualisé en vue de la mise en oeuvre du nouveau statut des professeurs, publiés pourtant il y a plus d’un an le 24 août 2014 !
Voilà aussi que l’on découvre que le ministère n’est même pas en mesure de…
…nous inspecter. On apprend en outre que les missions des corps d’inspection sont modifiées cette année du fait de la mise en oeuvre de la réforme du collège : les IPR sont transformés en Vendeurs-Représentants-Placiers de la Réforme et tout leur temps disponible est consacré à la formation et à l’anticipation de la réforme. Il n’y aura donc aucune inspection de collègue cette année, sauf dans les cas imposés statutairement (par exemple dans les cas de professeurs stagiaires). Les collègues qui attendaient impatiemment la visite d’un inspecteur pour faire reconnaître leur travail, obtenir des conseils pédagogiques et didactiques, et se voir proposer une promotion en seront pour leurs frais !
Voilà enfin que l’on découvre que le ministère n’est même pas en mesure de…
… nous former.
La formation continue des professeurs est réduite à peau de chagrin cette année, tous les moyens sont réorientés vers l’adaptation des personnels à la réforme du collège. Il n’y aura donc pas de formation choisie au PAF, ni de formation continue sur les thématiques habituelles.
De qui se moque-t-on ?
En effet tout ce système ne tient que grâce à la bonne volonté des enseignants, des CPE, des CO-PSY, des assistantes sociales, infirmières, des AED, AVS et autres précaires qui ne comptent pas leur temps ni leur implication pour permettre que notre éducation nationale reste encore digne de confiance, de qualité et garante de l’accès pour tous au savoir.
Car dans le même temps, le temps de travail s’alourdit : des emplois du temps à trous échelonnés du lundi 8 h au vendredi 17 h avec parfois seulement 3 h de cours dans la journée : alors l’administration rétorque : vous avez du temps pour vous concertez ! Mais où est le temps pour préparer des cours ? La préparation des cours, tâche noble de notre métier nécessite du temps, du calme, du matériel, un espace de confinement que les établissements sont dans l’incapacité de fournir. Quelle méconnaissance de notre travail et quel mépris pour notre métier !
Le temps de travail s’alourdit aussi pour toutes les tâches administratives supplémentaires que l’on nous demande d’effectuer pour la mise en place des divers dispositifs pour la prise en charge de la difficulté scolaire et du handicap (PAI, PAP, PPRE…) alors que les professeurs ne sont même pas formés pour aider convenablement leurs élèves.
A titre d’exemple départemental, comment arriver à mettre en œuvre le programme et les connaissances pour tous les élèves quand vous avez une classe de 30 élèves en 4° avec un élève russophone pris en charge un jour par semaine par le dispositif FLE, 2 dyslexiques avec une AVS en classe ? Comment ne pas reléguer des élèves nouvellement arrivés et faire avancer tout le monde sur le chemin de la connaissance quand vous n’avez pas moins de 6 PAP et une FLE qui arrive d’Italie dans la même classe ?
Le découragement prime dans les salle des profs en cette rentrée 2015, car même avec toute la meilleure volonté du monde, les enseignants voient bien qu’ils laissent des enfants sur le côté faute des moyens nécessaires à leur accompagnement. Il faudra enfin que cela soit compris par notre ministère et que les conditions de travail des enseignants mais aussi des élèves soient améliorées. Cela passe par une meilleure formation, des classes moins chargées, du temps inclus dans nos ORS pour la concertation en équipe et une revalorisation salariale. Et cela ne passe certainement pas par la politique menée actuellement par ce gouvernement.