Le nouveau Regards Croisés vient de sortir. En voici le sommaire et la présentation du dossier.
Consentir/déconsentir, les termes pourraient sembler singuliers, voire simplistes. Ils saturent pourtant notre présent et occuperont vraisemblablement encore notre avenir. Car le consentement sous contrainte recherché par le néolibéralisme au cours de ces dernières décennies est à la fois global et démultiplié. Faut-il énumérer ?
Consentement à des conditions de travail et de vie sociale indignes. Consentement à un ordre patriarcal mutilant non seulement sa moitié féminine mais l’humanité toute entière. Consentement dans les relations sexuelles. Consentement aux mesures d’exception liberticides et permanentes. Consentement aux guerres en cours et à venir.

Pourquoi, à quoi et comment consent-on ? On sait que La Boetie évoquait la servitude volontaire comme explication du consentement à la soumission. En dépit de sa relative circularité, le propos garde son actualité. Pourquoi les pauvres, pourquoi les exploité.e.s, votent pour le président des riches ? Pourquoi encore et par quelle perversion du désir une part d’entre eux va-t-elle s’identifier aux pires figures du néo fascisme ? Aucun modèle explicatif n’épuise le sujet mais du moins peut-on formuler quelques hypothèses. Le consentement est-il affaire d’idéologie et d’adhésion aux croyances et représentations dominantes ? Est-il généré par la contrainte ou la violence exercée par la menace, la peur ou encore le dressage disciplinaire des corps et des esprits ? Ou procède-t-il à l’ère néolibérale d’une conformation active du sujet à la logique de mise en concurrence et de compétition ?
Mais rappeler ces analyses précieuses pour une intelligence lucide des situations n’interdit pas de compléter la perspective : pourquoi et comment est-on conduit à « déconsentir ? Si l’un des objectifs de ce dossier est bien de comprendre les ressorts et les explications possibles d’une telle « fabrique du consentement » pour reprendre l’expression déjà ancienne de Noam Chomsky, il est aussi de recenser et de mettre en relation les multiples formes de résistance et de genèse du « déconsentement » Elles concernent les luttes collectives mais aussi les mutations des subjectivités et les « raisons sensibles » de se révolter. La parole donnée aux actrices et acteurs sollicités ici veut en porter témoignage.

http://institut.fsu.fr/CONSENTIR-DECONSENTIR-Regards-Croises-No43.html