[…] « La FSU ne voit donc pas en quoi la précarité généralisée devrait être le modèle à défendre, qu’il s’agisse des emplois publics ou du secteur privé ».
[…] « Qui peut encore prétendre que la Fonction publique n’est qu’un coût, sans jamais souligner son apport dans la production de richesses de notre pays et son rôle notamment en termes de réduction des inégalités ? En un mot, qui peut nier l’importance de notre modèle social et le caractère structurant de la fonction publique, et son rôle pour sortir le pays de la crise et penser les mutations à venir ? ».
Monsieur le Premier Ministre,
Le 19 septembre dernier, Emmanuel MACRON, Ministre de l’Économie, de l’Industrie et du Numérique du gouvernement dont vous avez la charge aurait déclaré, concernant le statut des fonctionnaires, qu’il n’était « plus adapté au monde tel qu’il va » et « surtout n’est plus justifiable compte tenu des missions ». Selon des journalistes, il aurait ajouté : « On va progressivement entrer dans une zone – on y est déjà d’ailleurs – où la justification d’avoir un emploi à vie garanti sur des missions qui ne le justifient plus sera de moins en moins défendable ».
Alors que le chômage qui touche des millions de personnes est un des principaux problèmes que connaît notre société, ces propos sont pour le moins surprenants. Faut-il, comme semble le croire votre Ministre, que l’emploi soit précaire au XXI ème siècle pour que notre pays soit plus compétitif ? Nombre d’études comme celles de l’OIT montrent pourtant que les pays les plus performants sont ceux qui offrent le plus de droits aux salariés.
La FSU ne voit donc pas en quoi la précarité généralisée devrait être le modèle à défendre, qu’il s’agisse des emplois publics ou du secteur privé.
De plus, loin d’être la caricature décrite par votre Ministre, faut-il également lui rappeler que si le statut donne des droits aux fonctionnaires, il leur crée en même temps des obligations, offrant ainsi des garanties aux usagers, notamment en matière de neutralité, d’impartialité, de laïcité, de continuité du service ou encore d’égalité d’accès ? Faut-il aussi lui rappeler que si le statut protège effectivement les fonctionnaires, c’est bien pour leur permettre de remplir leurs missions de manière impartiale et sans subir les pressions d’intérêts privés ou d’individus, ce qui constitue autant de garanties données aux usagers pour les services rendus ?
A un moment où la cohésion sociale de notre pays exige au contraire de conforter les valeurs qui la fondent, ces rappels nous semblent nécessaires.
Car qui peut ignorer aujourd’hui que le statut des fonctionnaires a permis et permet de faire face aux évolutions de notre pays et de ses besoins, notamment parce que son adaptabilité en est un des piliers ? Qui peut ignorer que la Fonction publique et les missions des fonctionnaires n’ont cessé d’évoluer au fil du temps ? Et ce particulièrement à un moment où des négociations concernant « l’Avenir de la Fonction publique » viennent de se terminer et qu’un projet de loi relatif à la déontologie, aux droits et obligations des fonctionnaires arrive en débat à l’Assemblée nationale.
Qui peut encore prétendre que la Fonction publique n’est qu’un coût, sans jamais souligner son apport dans la production de richesses de notre pays et son rôle notamment en termes de réduction des inégalités ? En un mot, qui peut nier l’importance de notre modèle social et le caractère structurant de la fonction publique, et son rôle pour sortir le pays de la crise et penser les mutations à venir ?
La Fonction publique a besoin d’être confortée dans des discours et des actes qui ne peuvent plus attendre. La FSU vous demande donc, Monsieur le Premier Ministre, de clarifier les intentions du gouvernement quant à son projet pour la Fonction publique et ses agents.
Je vous prie de croire, Monsieur le Premier Ministre, en l’expression de mes salutations respectueuses.
Bernadette Groison
Secrétaire Générale